CONSEIL MUNICIPAL du Mardi 13 Septembre 2016  – 20 h

 

PRESENTS : Gérard Crozier,  Jean-Michel Chagnon, Jocelyne Caston, Catherine Besson,  Rodrigue Rouby, Christel Dubois,  Marlène de Froidcourt, Fanny Morel, Maryvonne Charrier, Monique Manchon, Christian Siron, Louis Quaire, Bernard Vincent, Denis Cornillon, Marie-Cécile Seguin, Sylvie Vachon, Didier Chalas, Chantal Andriés, Christophe Burling.

 

Absent avec pouvoir : Didier Chalas (Christel Dubois)

 

 

 

 

 

Un seul point à l’ordre du jour :

 

 

 

Lancement d’une procédure de referendum à l’initiative de l’exécutif local concernant le projet d’Etat d’ouvrir un centre d’Accueil et d’orientation (CAO) sur la commune d’Allex.

 

 

 

Voir le CR du 5 septembre pour connaître le contexte.

 

 

 

Beaucoup de monde dans la salle du conseil, beaucoup de micros, de caméras.

 

 

 

M. le maire ouvre la séance en précisant qu’il ne donnerait pas la parole à la salle et en demandant au public de respecter les interventions.

 

Il fait l’historique du projet et explique sa décision d’organiser un référendum par des rencontres avec « sa majorité silencieuse » afin « que la démocratie s’exprime ».

 

Il a informé de sa décision monsieur le Préfet qui en retour lui a adressé un courrier en lui demandant de le communiquer aux membres du conseil. Ce courrier lu par le maire (Cf document ci dessous) précise que ce référendum est illégal et de nature à créer des tensions dans le village.

 

M. le maire précise qu’il ne remet pas en question le choix de la solidarité. « France, terre d’accueil » mais que, garant de la sécurité et de l’ordre public, il veut « ramener la sérénité »

 

Il parle ensuite d’une motion qu’il adressera au Préfet lui demandant d’attendre le 2 octobre pour l’ouverture du centre.

 

Une lettre ouverte vient de lui être remise mais il ne l’ouvrira pas ce soir.

 

 

 

Christophe Burling ouvre le débat :

 

 

 

« M. Le Maire, Mmes et Messieurs les Conseillers,

 

 

 

M. le maire, votre choix de convoquer le CM en vue de délibérer sur une procédure de mise en place à Allex d’un référendum relatif à l’installation d’un centre d’Accueil et d’Orientation pour Réfugiés le 2 octobre prochain, nous place devant une lourde responsabilité. Une très lourde responsabilité car vous avez, à nos yeux, opté pour une initiative qui va dans le sens d’une exacerbation des passions autour de ce sujet ultra-sensible, complexe et difficile.

 

 

 

Tandis qu’au sortir de notre précédente réunion le 5 septembre dernier, nous avions l’impression de nous diriger vers une volonté partagée d’apaisement, et alors même que vous étiez informé depuis le mois de juillet des intentions de l’Etat, vous décidez en fin de semaine dernière, au lendemain d’un communiqué-tract du FN exigeant la tenue d’un référendum, de lui emboîter le pas et de reprendre à votre compte cette demande. Le timing et la méthode choisis posent question…

 

 

 

Votre volonté d’entraîner le CM dans une démarche illégale, hors-la-loi, en toute connaissance de cause, comme vous le rappelle par ailleurs la lettre que vous a adressée M. le Préfet de la Drôme, ne peut nous laisser sans réaction ni sans exprimer notre très grande déception. En effet votre initiative  encourt de fait  une censure du juge administratif, alors que vous n’avez, tout au long de votre mandat cessé  de nous rappeler combien vous étiez tenu d’appliquer et de respecter les décisions de l’Etat Français et vous n’avez non plus jamais manqué une occasion  de souligner votre attachement aux valeurs et aux institutions de notre République. Aujourd’hui il nous semble que l’instrumentalisation politique que vous faites de la situation tendue qui règne à Allex, en vous affichant notamment avec vos soutiens dans les médias, est tout sauf de nature à apaiser les passions. Vous choisissez le camp des clivages et de la division. La période  que nous traversons exige plus que jamais de nos responsables et élus du sang-froid, du calme et une grande lucidité.

 

 

 

Nous ne pouvons rester sans réagir à ce qui nous apparaît comme une prise en otage de notre village au profit de desseins et d’ambitions politiciennes nationales. Nous souhaitons dans ce contexte inviter les Allexois à ne pas cautionner votre initiative de référendum et à ne pas participer à une action illégale et manipulatoire, qui est à l’opposé de la tradition d’Allex !

 

 

 

Nous reformulons par conséquent notre proposition de voir mise en place rapidement une commission municipale élargie ouverte à toutes les parties prenantes et à contribuer ainsi à l’apaisement général et à la dédramatisation, sans nier les inquiétudes exprimées par une partie de la population, n’en déplaise aux pyromanes et démagogues de tous bords..

 

 

 

Mmes et messieurs les Conseillers, êtes-vous vraiment prêts à sacrifier des valeurs essentielles à la cohésion sociale et aux liens qui nous unissent, malgré nos différences, êtes-vous vraiment prêts à sacrifier tout cela au profit d’un jeu pré-électoraliste qui nous dépasse et n’aura pour résultat qu’un ensemble de retombées négatives pour notre village.. ??

 

 

 

Je terminerai en rappelant que la France a des engagements internationaux vis  à vis du problème des réfugiés, elle doit en accueillir 30.000 sur l’ensemble du territoire, et que la solidarité nationale engage tous ceux qui ont des responsabilités représentatives et institutionnelles, dans le strict  respect du droit et des lois de la République. La solidarité n’est pas réservée qu’aux autres (près de 200 communes en France à l’heure actuelle, sans aucun incident ou pb notable recensé.…)

 

 

 

M. le maire répond qu’il n’a jamais été à la botte de n’importe quel parti politique, que sa liste est apolitique avec des membres de sensibilité différente, qu’il a besoin d’un mandat des électeurs.

 

 

 

Monique Manchon prend la parole à son tour :

 

 

 

« Je ne reviendrai pas sur le caractère illégal de ce référendum qui n’impactera en rien la décision prise et qui expose à une condamnation par le tribunal administratif pour excès de pouvoir

 

 Cette idée de référendum est une mauvaise idée, car au lieu de calmer les esprits, elle attise les divisions, les tensions au moment où nous avons besoin de cohésion sociale.

 

C’est vrai que l’annonce de l’ouverture de ce centre a été brutale et aurait mérité plus de temps et plus de concertation pour la préparer. Cependant, on aurait pu faire quelque chose depuis son annonce le 22 juillet.

 

A ce jour, il faut écouter les inquiétudes des Allexois en les rencontrant et voir avec le Diaconat protestant comment on peut y répondre. On peut peut-être  trouver des aménagements sur la date d’ouverture et la progressivité de la mise en place.

 

L’organisation de ce referendum est du temps perdu pour plus d’informations sur le fonctionnement et des rencontres avec d’autres maires de communes hébergeant des CAO. (Cf l’article du Figaro d’aujourd’hui qui rapporte des expériences similaires tout à fait satisfaisantes)

 

L’exploitation politique que l’on observe aujourd’hui fait oublier les aspects humains et solidaires que l’on doit avoir vis à vis de personnes qui ont fuit leurs pays car leurs vies y étaient menacées.

 

 

 

Il n’y a qu’une chose à faire : rencontrer le Diaconat protestant et créer la commission indépendante envisagée le 5 septembre pourquoi pas pilotée par un médiateur, pour aider l’installation du centre dans de bonnes conditions. »

 

 

 

M. le maire regrette que madame Manchon ne soit pas venue le rencontrer.

 

 

 

Maryvonne Charrier s’exprime ensuite:

 

 

 

« Personnellement je déplore le vent de surenchère sécuritaire qui souffle sur ma commune depuis quelques années. Cette intolérance, discrimination, censure, répression me sont devenues intolérables.

 

 

 

Monsieur le Maire ce ne sont pas tous les habitants d’Allex qui demandent ce référendum.

 

C’est faux Monsieur le Maire.

 

 

 

C’est le Front National qui demande ce référendum et je suis en colère que vous suiviez.

 

 

 

Vous, qui devriez être le garant de l’ordre public et de l’unité dans notre commune. En organisant votre référendum hors la loi, vous attisez les tensions entre les Allexois.

 

 

 

L’image d’Allex relayée par les médias n’est pas très enthousiasmante ; mais on ne peut pas mettre tous les Allexois dans le même panier.

 

 

 

J’ai l’impression d’être prise en otage et je crois bien que j’ai honte d’être allexoise.

 

Et pourtant mon village natal, j’y suis viscéralement attachée. »

 

 

 

Jocelyne Caston déplore le discours des élus qui viennent de s’exprimer ; elle parle de « vomi » pour ce qui a été dit.

 

 

 

Pour Louis Quaire, les réfugiés doivent accepter que les habitants résidents d’Allex s’expriment.  

 

 

 

Christel Dubois s ‘élève contre ce qu’impose l’état : PLU, TAPS ; elle est favorable que pour une fois on demande l’avis des citoyens. Elle n’hésite pas à faire le parallèle entre cet acte de résistance et ce qui s’est passé en 1940. Elle précise qu’il n’y a pas d’amalgame entre la tenue ce référendum et l’ouverture du centre.

 

 

 

Christian Siron se félicite qu’on donne la parole aux citoyens et Catherine Besson qu’on consulte les Allexois. Rodrigue Rouby est favorable à donner la parole aux Allexois.

 

 

 

Le vote qui suit montre 3 CONTRE l’organisation du référendum (les 3 élus d’opposition) et 16 POUR.

 

 

 

A la suite du vote, Sylvie Vachon regrette le manque d’humanité de la situation pour un projet qui n’est pas politique ; elle souhaite de pouvoir réfléchir ensemble.

 

 

 

M. le maire fait ensuite voter une motion adressée au Préfet pour lui demander de retarder l’ouverture du centre après la consultation, pour retrouver de la sérénité.

 

Christophe Burling lui rappelle le délai légal de 2 mois entre la délibération et la tenue du scrutin. Il déplore cette démarche démagogique et en redoute les conséquences et la rupture au sein de la population.

 

 

 

M. le maire conclut en maintenant le référendum le 2 octobre ; il dit « il faut que le Préfet entende ». Il remercie l’assemblée, fait sortir le public et les 3 élus de l’opposition pour poursuivre avec son équipe.

 

 

 

CR préparé par Monique Manchon